
En 2022, près de 60 % des entreprises françaises ayant mis en place des mécanismes de partage des risques ont maintenu leur rentabilité malgré la volatilité des marchés. Certaines conventions contractuelles permettent de transférer une partie des pertes potentielles à plusieurs acteurs, limitant ainsi l’exposition d’une seule entité aux chocs imprévus.
Répartir les responsabilités financières ne fait pas disparaître le danger, mais modifie la façon dont les conséquences sont absorbées. Ce modèle peut engendrer des dynamiques nouvelles, bouleversant parfois les réflexes collectifs en matière de gestion.
Plan de l'article
Pourquoi partager les risques financiers reste un enjeu majeur pour les organisations
La gestion des risques façonne la capacité des entreprises à traverser les zones de turbulence. Se prémunir contre les menaces, c’est avant tout adopter une posture offensive : identifier les risques, les évaluer, anticiper, agir, surveiller. Ce processus n’est jamais statique. Les risques financiers, qu’il s’agisse de crédit, de marché, ou de liquidité, exposent chaque structure à la perte, mais aussi à la nécessité d’arbitrer entre différentes stratégies de gestion.
Voici les principales approches à disposition pour structurer la gestion des risques :
- Suppression du risque : abandon d’un projet trop exposé, éviction pure et simple de la menace.
- Réduction : introduction de contrôles, audits, procédures solides pour limiter l’impact.
- Partage : répartition de la charge entre partenaires, consortiums, ou parties prenantes impliquées.
- Transfert : délégation à un tiers, assureur, sous-traitant, via des contrats bien ficelés.
- Acceptation : prise en compte d’un risque résiduel, tolérable ou peu probable.
Le partage des risques s’incarne à travers des alliances, des consortiums, des conventions ou l’assurance. Ce principe permet de répartir les pertes potentielles, limitant la vulnérabilité de chaque acteur. Encore faut-il que l’organisation ait intégré la notion de risque dans ses réflexes et fonctionne sur la base d’une gestion collective. Prenons un consortium : il réunit plusieurs entreprises qui se partagent les risques techniques et financiers d’un projet d’envergure. L’assurance ou la sous-traitance, quant à elles, déplacent le risque vers des structures mieux préparées à l’absorber.
Dans certains secteurs, la gestion des risques financiers répond à des règles strictes. Combiner différentes approches devient alors une nécessité : chaque méthode a sa place selon la solidité de l’organisation et la spécificité du projet. Diversifier sa stratégie de gestion garantit une capacité d’adaptation, essentielle pour ne pas subir de plein fouet les imprévus.
Quels mécanismes concrets permettent de limiter l’exposition aux pertes ?
Limiter l’exposition aux pertes passe par un éventail de solutions éprouvées, qui reposent sur le transfert mais aussi sur l’atténuation des risques. L’assurance reste un pilier : en souscrivant une police adaptée, une organisation protège ses actifs contre certains sinistres. Si le risque se réalise, l’assureur prend en charge une partie ou la totalité de la perte, selon les termes négociés. Les marchés financiers, eux, s’appuient sur les produits dérivés comme les Credit Default Swaps (CDS) pour répartir le risque de crédit entre plusieurs acteurs.
L’externalisation figure aussi en bonne place. Confier à un sous-traitant ou à un prestataire de sécurité managée certaines activités permet de déplacer des risques opérationnels en dehors de l’entreprise. Par exemple, la cyberassurance s’avère précieuse lorsque la sécurité informatique devient critique. Autre illustration : la plateforme de compensation centrale (PCC) sécurise les transactions en mutualisant le risque de contrepartie.
Le consortium se distingue par sa capacité à partager les risques sur des projets ambitieux. Dans l’industrie ou la finance, des clauses contractuelles précises, une surveillance renforcée et un contrôle qualité confié à des tiers viennent compléter le dispositif. L’ajout de mesures correctives et préventives s’intègre à cette dynamique, consolidant la résilience globale de l’organisation face aux aléas.
Exemples parlants de partage des risques dans la vie réelle
Les institutions publiques, à l’image de la banque européenne d’investissement (BEI), montrent la voie du partage des risques au service de projets à fort impact. Quand la BEI s’engage pour le climat, elle ne se limite pas à injecter des fonds : elle attire d’autres investisseurs en mutualisant les risques grâce à des montages sophistiqués. Le fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS) fonctionne de cette manière, combinant les ressources de la BEI à une garantie européenne. Ce procédé sécurise les apports privés et publics dans des secteurs jugés risqués, mais décisifs.
Sur le terrain, des sociétés comme Mirova Eurofideme 3 se joignent à la BEI pour soutenir des infrastructures énergétiques. L’exemple du parc éolien de Langmarken en Suède est révélateur : chaque partenaire porte une part du risque, ce qui permet de concrétiser des projets inaccessibles au secteur privé isolé. Ces dispositifs rassurent les bailleurs, allègent le coût du capital et accélèrent la mutation énergétique.
D’autres structures, telles que le fonds mondial pour la promotion de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables (Geeref) ou le green for growth fund (GGF), appliquent la stratification des risques. Ils segmentent les engagements en plusieurs tranches, chacune calibrée selon le niveau de risque. Les investisseurs institutionnels visent la sécurité, tandis que d’autres, plus aguerris, acceptent davantage d’incertitudes pour obtenir des rendements supérieurs. Ce système attire les capitaux privés et dynamise la transition écologique.
Réduire les impacts financiers : bonnes pratiques et astuces à retenir
Pour limiter l’ampleur des pertes, il vaut mieux miser sur une gestion méthodique des risques. Tout commence par la création d’une matrice des risques : elle croise la probabilité et la gravité de chaque aléa, facilitant la hiérarchisation des actions à conduire. Cette représentation visuelle aide à cibler rapidement les menaces majeures et à organiser la réponse.
Vient ensuite l’élaboration du plan de gestion des risques, qui détaille les mesures d’atténuation, attribue les rôles et fixe des échéances pour le suivi. Le registre des risques permet de consigner les événements identifiés, leur évolution et l’efficacité des réponses. Pour garder le cap, un tableau de bord actualisé lors de chaque revue ou audit de projet reste une ressource précieuse.
Les outils d’analyse incontournables
Pour analyser les risques de façon précise, plusieurs outils s’imposent :
- L’analyse quantitative : elle s’appuie sur des modèles mathématiques pour mesurer l’exposition aux aléas financiers.
- L’analyse qualitative : complémentaire, elle prend en compte les dimensions humaines et contextuelles, moins mesurables.
- La Value at Risk (VaR) : cet indicateur estime la perte maximale attendue sur un portefeuille, selon un seuil de confiance défini.
- Le stress test : il simule la résistance d’une organisation face à des situations extrêmes.
S’appuyer sur le contrôle de gestion pour piloter la maîtrise des risques, solliciter un audit externe si besoin, intégrer le big data et l’intelligence artificielle : ces leviers affinent l’anticipation, éclairent les choix et renforcent la stratégie d’atténuation. Chaque décision prise aujourd’hui dessine la solidité de l’entreprise face aux tempêtes de demain.




























































